Intervention de Thierry Suaud lors des rencontres internationales Air et Santé

Thierry SUAUD accueille mardi 17 septembre au Conseil Régional d’Occitanie et en tant que Président d’ATMO OCCITANIE, les secondes rencontres internationales Air et Santé. Retrouvez son intervention en intégralité.

« Mesdames, Messieurs, intervenants et participants qui êtes pour beaucoup je le sais convaincus et même militants de l’amélioration de la qualité de l’air,
En ouvrant ces rencontres à l’hôtel de Région, je dois d’abord excuser Carole Delga, qui ne peut- être avec nous aujourd’hui mais nous a laissé un témoignage de son intérêt et son engagement à nos côtés, que nous découvrirons dans quelques instants.

Guy Bergé, Président de la fédération Atmo France et moi-même, sommes heureux de vous accueillir pour ces secondes rencontres internationales Air et Santé.
Ceux d’entre vous qui étaient déjà à Toulouse en 2012, pour la première édition ou qui s’étaient intéressés à nos travaux qui posaient la question de la santé au cœur de la problématique air/climat s’interrogent légitimement ; depuis 7 ans que s’est-il passé ?
Nous avions échangé sur l’exigence :
D’améliorer la qualité de l’air,
D’approfondir nos connaissances sur l’impact de la pollution atmosphérique sur la santé,
D’améliorer nos connaissances sur la présence de particules ultra fines, de pesticides ou de perturbateurs endocriniens dans l’air,
De porter l’ambition de « garantir » une égalité des citoyens vis-à-vis de la qualité de l’air qu’ils respirent.

L’action de surveillance des Atmo est d’ailleurs vous le savez, tout entière guidée par l’article premier de la loi sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie, promulguée en 1996 par Corinne Lepage, ministre de l’environnement, « chacun à droit à respirer un air qui ne nuise pas à sa santé ».
Nous mesurons, surveillons, alertons et les autorités compétentes réagissent, interdisent, réglementent, contrôlent.
La loi d’orientation sur les mobilités qui doit être votée ce soir à l’assemblée jouera certainement en faveur de la qualité de l’air, Jean Luc Fugit président du Conseil National de l’air, député et rapporteur de la loi LOM, nous en parlera certainement.

Nous agissons donc ; mais est-ce suffisant ?

Est-ce suffisant quand en France, la pollution atmosphérique est considérée comme la 2ieme cause de mortalité prématurée, derrière le tabac et désormais avant l’alcool ?
Cancer, infarctus, maladies respiratoires, … ce n’est pas une façon de vous accueillir que de citer ces maladies, mais c’est pourtant bien de ceci dont nous devons parler.
Comme nous devons parler de l’engagement des acteurs associatifs, économiques, des pouvoirs publics et des citoyens.

Nous n’avons pas, je le crois, pris en compte les enjeux de qualité de l’air avec par exemple la même conviction sur l’urgence d’agir que celle déployée sur l’amélioration et le contrôle de la qualité de l’eau ou de la qualité alimentaire ?
Je ne veux pas opposer en disant cela, mais alerter.
Car chaque être humain respire de l’ordre de 14 000 litres d’air par jour, soit une dizaine de litres d’air par minute ….. et si nous pouvons mieux choisir l’eau que nous buvons, la nourriture, il est bien plus difficile de choisir l’air que nous respirons !
La pollution atmosphérique tue !
Elle tue d’abord les plus fragiles … même égoïstement, chacun d’entre nous doit être concerné ;
Nous sommes tous fragiles à un moment de notre vie : enfants, femmes enceintes, personnes âgées, malades ….
Elle tue également d’abord les plus déclassés socialement ; c’est flagrant de par le monde comme le rappelle l’OMS, ça l’est aussi dans nos territoires … Gageons que les populations exposées à des dépassements des valeurs limites de dioxyde d’azote dans notre région par exemple, à Perpignan, à Nîmes, à Montpellier ou à Toulouse, celles qui logent le long des rocades, ne sont pas parmi les plus favorisées.
On estime leur nombre entre 10 000 et 15 000 sur ces 4 agglomérations en 2018 .
Je vous invite à lire le bilan de la qualité de l’air et des émissions en Occitanie publié par notre Atmo.

 

Alors bien sûr qu’il est utile de nous interroger sur ce que nous avons fait et ce que nous faisons.
Mais il est essentiel aussi de nous exprimer publiquement sur ces questions.
De vérifier que nous sommes en phase et nous aurons les moyens de répondre objectivement, scientifiquement aux inquiétudes de la société civile pour qui la pollution atmosphérique est la première préoccupation environnementale.

 

Car aujourd’hui des citoyens sont contraints d’organiser des protocoles de prélèvements et d’analyse d’urines, pour connaitre et révéler leur imprégnation au glyphosate ! Ce n’est pas normal !
Où sont les moyens dédiés à la recherche, à l’avancée des connaissances ?

Aujourd’hui les pouvoirs publics proposent une distance réglementaire qui serait de 5 à 10 m pour limiter l’usage de pesticides à proximité des habitations.
Faut-il que des maires continuent leur mouvement d’interdiction de l’usage des pesticides sur leurs territoires pour protéger les habitants ?
Faut-il laisser aller jusqu’à l’affrontement verbal entre les agriculteurs, qui sont souvent les premières victimes des produits épandus, et leurs voisins, pour que des moyens suffisant soient déployés sur la mesures des pesticides dans l’air… et que les organismes de recherche en santé puissent enfin répondre à ces questions quotidiennes qui nous sont posées ?
Est-ce que les pesticides dans l’air sont dangereux pour ma santé ?
Sont-ils responsables de la puberté précoce de ma fille ?
Des problèmes de fertilité de mon fils ?
A ce sujet, dans les quelques campagnes de mesures que notre AASQA a réalisées sur l’évaluation des pesticides dans l’air, elle en a détecté la présence à des distances comprises entre quelques centaines et quelques milliers de mètres. Le Lauragais est imprégné de produits destinés à la viticulture …
Je vous invite à lire nos publications sur le sujet.

Le législateur a créé des structures indépendantes, au statut associatif, dans lesquels, l’état, les collectivités, les activités économiques et les associations et personnalités qualifiées sont présentes et représentées, les Atmo.
L’originalité dans la gouvernance et les financements de nos associations agréées de surveillance de la qualité de l’air en font un modèle original et unique d’indépendance, de transparence et d’objectivité scientifique .
Le législateur a affirmé le principe « Pollueur-Payeur » ?
Aussi, les industriels dont les activités ont un impact sur la pollution de l’air contribuent au financement de la surveillance de la qualité de l’air et à l’évaluation des actions qu’ils mettent en œuvre pour réduire leur impact.
Mais aujourd’hui les enjeux portent sur d’autres secteurs d’activités.
Ceux du transport automobile, des croisières maritimes, de l’agriculture, des dispositifs de chauffages et de climatisation….
Comment les accompagner ?
Comment évaluer objectivement leurs progrès ?

Je dois le rappeler, les moyens alloués à la surveillance de la qualité de l’air en France sont tous budgets confondus, Etat, Collectivités, acteurs économiques, de 67 millions d’euros par an.
Soit un peu moins d’ 1euros par an et par habitant … pour surveiller l’ensemble du territoire, produire quotidiennement une prévision de la qualité de l’air à J, J+1…bientôt J+2 … produire l’ensemble des mesures que l’Etat français va restituer à l’Europe….et réaliser bien d’autres missions d’informations et d’études que nos partenaires attendent des AASQA….

Une question non négligeable de ces rencontres est donc aussi de savoir comment nous pourrons déployer de nouveaux moyens pour répondre aux nouvelles préoccupations s’il n’y a pas une évolution des financements de nos structures ?

 

Avoir les moyens d’agir,
Sensibiliser et interpeller les acteurs locaux sur les enjeux de santé publique associés à la pollution atmosphérique,
Faire bouger les lignes réglementaires,
Mieux localiser les populations exposées pour permettre la mise en œuvre des actions publiques ciblées,
Evaluer l’efficacité des actions de réduction de la pollution,
Répondre aux questions et aux inquiétudes,

Tels sont les enjeux auxquels nous devons répondre…
C’est bien dans cette perspective que s’inscrivent ces Rencontres Internationales Air et Santé.

 

Je tiens à remercier au nom d’Atmo Occitanie et d’Atmo France :
le Ministère de la transition énergétique et solidaire et le Ministère des solidarités et de la santé partenaires de l’évènement,
la Région Occitanie Pyrénées-Méditerranée qui a mis à disposition cette salle, un appui logistique et une équipe dédiée,
Toulouse Métropole,
le département de la Haute-Garonne,
l’ADEME,
Occitanie Europe et les vins du Sud-Ouest

pour leur contribution à l’évènement,

 

les membres du comité d’organisation :
Santé Publique France, Régions de France, France urbaine, l’Agence Régionale de Santé Occitanie, la Dreal Occitanie, le Centre Régional d’Etudes d’Actions et d’Informations de l’Observatoire Régional de la Santé d’Occitanie et la Mairie de Tarbes (65).

et chacune les Associations Agréées de Surveillance de la Qualité de l’Air présentes aujourd’hui et qui ont contribué à cette journée.

Je souhaite enfin remercier tous les intervenants qui ont répondu présents aujourd’hui :
élus, experts, associations, services de l’état,
pour présenter leur travaux et réfléchir ensemble aux actions à mettre en œuvre pour améliorer les connaissances et réduire la pollution de l’air et ses impacts sur la santé.

 

Pour conclure, avant que nous puissions entendre le message d’accueil mais aussi d’engagement de Carole DELGA, Présidente de la Région Occitanie, permettez-moi de rendre hommage à quelqu’un que vous êtes nombreux à avoir connue, à avoir appréciée … ou pas.
Quelqu’un qui continue de nous inspirer.
Quelqu’un qui nous a aidés à construire cette journée ….
C’est José Cambou.
Engagée depuis toujours à France Nature Environnement et au sein d’Atmo Occitanie, elle a œuvré avec intégrité au niveau national et local, pour faire avancer les connaissances et orienter la réglementation environnementale de manière objective et scientifique. Elle a été longtemps au Conseil d’administration de l’ANSES, au Conseil National de l’Air, dans le Groupe Santé Environnement, elle a consacré sa vie à défendre et proposer des solutions législatives permettant de protéger et garantir un environnement qui ne nuise pas ni à notre santé ni à l’équilibre écologique indispensable à la survie des espèces.
Pour tous ces combats menés pour nous tous, nous avons souhaité lui dédier cette journée en souhaitant qu’elle soit utile et suivie d’actions.

Je vous remercie. »

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